Paroisse
Saint-Joseph
Belgrade
|
Le bout du nez
On lui en veut toujours à ce bout de nez. Quand on est enfant, on nous menace de nous l’ôter et de le prendre entre deux doigts. Quand on grandit, on risque de se faire mener par cet humble organe et, bien souvent, on nous reproche de ne pas regarder plus loin que lui. Il apparaît décidément bien mal aimé.
Pourtant, sans lui, il manquerait quelque chose au centre du visage.
C’est précisément pour éviter ces dérives reprochées à notre nez que, très jeunes encore, les enfants se rendent à l’école. Ils y apprennent à regarder bien plus loin.
Ils voient s’ouvrir, devant eux, un horizon qu’il va leur falloir explorer, au moins partiellement, pour devenir adultes, pour prendre une place active dans la société tout en bâtissant leur avenir.
L’école a encore pour mission d’éveiller à l’esprit critique qui évitera au nez de se faire mener au gré des vents, des modes ou des propos de leaders peu scrupuleux. En partenariat avec la famille et les autres acteurs de l’éducation, l’école doit aussi éveiller toutes les potentialités qui sont en chacun dans toutes les dimensions de sa vie : intellectuelle, bien sûr, mais aussi relationnelle, artistique, sportive et, j’ose l’espérer, spirituelle au sens large du terme.
Voilà une tâche bien exigeante et une lourde responsabilité !
Si je m’arrête simplement à l’horizon dont il est question, nous pourrions aborder cette rentrée avec l’impression que les nuages l’obscurcissent considérablement. L’actualité économique semble annoncer des jours bien rudes et des perspectives peu engageantes. Les événements internationaux ne nous livrent que violences, exodes et guerres de toutes sortes.
Comme si les êtres humains ne parvenaient pas à apprendre de l’histoire, comment tisser des relations et favoriser des échanges constructifs qui permettent un vivre ensemble respectueux des différences et soucieux du bien commun.
Comme si l’avidité d’une petite proportion de nantis devait nécessairement affamer des populations entières et épuiser les ressources de notre planète.
Il y a plus de 60 ans, les artisans du Concile Vatican II affirmaient ceci : « On peut légitimement penser que l’avenir est entre les mains de ceux qui auront su donner aux générations de demain des raisons de vivre et d’espérer ». Voilà bien une tâche qui incombe à tous et qui est de la responsabilité de chacun. Quelle terre léguons-nous à nos enfants ?
Dans nos communautés paroissiales et surtout au niveau même de notre Secteur Pastoral de Saint Servais, nous avons choisi, cette année, de mettre l’accent sur ce qui est le lieu même où se construit une humanité heureuse et porteuse d’espérance : les relations.
N’est-il pas du ressort de tout un chacun de faire le point sur les liens qui le font vivre, d’en mesurer l’importance et de les fortifier, de ne pas les ranger au 2ème rang derrière les futilités matérielles, les relations superficielles médiatisées par un écran ou une tablette, les ambitions démesurées assujetties à un système économique qui en demande toujours davantage au détriment de la qualité de la vie ?
N’avons-nous pas à redécouvrir que ce qui vaut vraiment et qui donne du crédit à notre vie, ce sont ces relations vraies qui ne craignent pas l’usure du temps parce qu’elles sont fondées sur l’amour ?
Voilà une perspective qui nous permet de regarder plus loin que le bout de notre nez. Bonne rentrée à tous ! Abbé Raphaël Kwasi Mutondo
|
|